Les élèves tremblaient devant l'arrivée du maître. On l'appelait monsieur Moody. Un nom qui lui allait bien car en anglais, "moody" peut se traduire par "changeant d'humeur". Un maître très sévère qui punissait tous les élèves les uns après les autres.
Il y a eu d'abord Yannis, le petit Grec aux cheveux bruns et bouclés, il avait d'excellents résultats avant que maître Moody s'aperçoive que Yannis avait planqué des pompes dans ses chaussettes et les manches de ces chemises. Ruses grossières que lui avait soufflé un esprit farceur, le mystérieux Lehman. C'était uniquement grâce à ces artifices qu'il avait de bons résultats. Un tricheur. Résultat : au piquet !
Vint ensuite Rory, le petit Irlandais avec ses cheveux roux et son visage constelé de taches de rousseur. Au début, on le trouvait touchant. Il était arrivé à l'école en haillons, il était étiquetté "en retard" mais en peu de temps, il avait eu des résultats spectaculaires, au point qu'il avait dépassé l'allemand et le français... Mais un jour qu'il était arrivé avec des beaux vêtements tous neufs, maître Moody déclara que Rory avait lui aussi triché et il fut mis au piquet aussi.
Quelques temps plus tard, c'est Joana, la Portugaise, une jolie jeune fille brune, sage et appliqué qui fut mise au piquet aussi. Ses torts ? Malgré ses efforts, les résultats n'étaient pas à la hauteur.
Joana fut vite suivie par Pablo l'Espagnol, coupable de dépenser beaucoup d'encre pour des résultats médiocres puis par Paola, la belle Italienne, accusée, comme son camarade grec, de planquer des pompes aussi, mais dans son corsage en ce qui la concernait...
L'ambiance était morose chez les autres élèves. Un lundi, coup de théatre : c'est Marion, la jolie Française élégante et bonne travailleuse qui fut frappée d'un coup de règle sur les doigts par maître Moody. Marion protesta mais maître Moody lui assena que malgré ses airs de coquettes et son arrogance, elle était aussi cancres que ces pouilleux de grecs et autres européens des périphéries. De plus, on disait qu'elle était influencée par un mystérieux lutin que tout le monde appelait "talonnettes".
Ca, c'était inatendu ! Marion, si appliquée et avec sa belle écriture, punie elle-aussi ! Cela n'annonçait rien de bon pour les autres.
Alors les blondinets de la classe, Jakob l'Allemand et ses camarades autrichiens, suédois, finlandais... commencèrent à s'inquiéter. Jimmy, le Britannique, faisait toujours bande à part mais essayait de ne pas faire voir qu'il s'inquiétait aussi. La partie est de la classe composée de nouveaux comme Hanna la Polonaise et ivan le Slovaque, ne se sentaient pas concernés : c'était les plus cancres de la classe au début et maintenant qu'ils étaient si performants, ils n'allaient pas se faire punir aussi quand-même !
De leur côté, les relégués essayaient de mijoter un plan contre cet abominable maître Moody. Yannis déclara que le secret du bonheur était la liberté et que celle-ci s'obtenait grâce au courage. Il proposa de jeter des boulettes d'encre à la figure de maître Moody et de s'enfuir avant que ses collègues jumeaux, maîtres Standard et Poor's n'arrivent à son secours. Rory était toujours admiratif à l'écoute des discours de sagesse de son camarade grec et il proposa de composer un chant rebelle et poétique pour se donner du courage et Marion rénchérit en suggérant d'écrire un pamphlet philosophique à la manière de Voltaire pour éveiller les consciences... Mais personne n'arrivait à se mettre réellement d'accord.
Puis tout d'un coup, Pablo s'écria : "faisons comme Sigrún !"
- Sigrún ? C'est qui ça, demanda Joana.
- C'est ma voisine islandaise expliqua Pablo. Maître Moody a voulu lui faire l'école aussi mais devant tant d'injustices, ses parents ont mis Maître Moody à la porte et maintenant Sigrún faisait l'école en indépendante et sans aucun problèmes.
- Bonne idée ça, ajouta Paola, arrêtons de subir ce maudit Moody !
- Révolution !! ajouta Marion
- Rebellion ! s'exclama Rory
Et les enfants s'avancèrent vers le pupitre alors que maître Moody s'apprêtait à punir l'élève hongrois de la classe...