Fanlac (Dordogne), le 6 août 2003
A cheval sur deux départements, deux régions, le petit village de Lamothe-Fénelon est normalement un havre de verdure mais en ce mois d'août, le secteur est frappé de plein fouet par une chaleur et une sécheresse saharienne.
J'avais rêvé de prairies verdoyantes et d'arbres centenaires. De prairies, il n y en a quasiment plus, grillés par le soleil et dévoré par des animaux de ferme inadaptés à une telle sécheresse. Les arbres sont là mais roussis par comme par une nuée ardente. Le Sahel dans le pays de cocagne.
Pour ne pas que leurs bêtes meurent de faim, les agriculteurs tronçonnent des branches des arbres qui bordent les prés pour les nourrir. Un élevage industriel de canards dégage une odeur pestilentielle et on craint le pire pour les volatiles entassés dans ce qui doit être une étuve mortelle....
La Dordogne, fleuve d'ordinaire magnifique, est menacé d'eutrophisation et à certains endroits, une odeur de renfermé s'échappe de ces eaux.
Les médias parisiens clament à tout va que c'est terrible, la canicule "du siècle" (qui n'a que trois ans), des records de chaleur battus. Il faut dire que la chaleur vient de gagner l'Île de France alors on s'affole.
Mais dans le sud-ouest de la France, on souffre de la chaleur depuis juin et en Auvergne, la dernière pluie remonte à Pâques.... Personne n'en a dit mot et en août, lorsque s'abat une canicule qui tue arbres, plantes et personnes âgées, cela fait deux mois que le Sud de la France est accablée de chaleur mais qu'importe, tant que Paris n'était pas atteint.
Moi, je suis touriste de base dans ce beau coin réputé pour son architecture villageoise, ses châteaux, sa gastronomie et ses paysages à la fois doux et grandioses. Nous sommes accablés de chaleur et surtout soucieux de protéger des rayons d'un Phébus déchaîné nos deux jeunes enfants de quatre ans et quatorze mois. Heureusement, nous sommes dans un camping ombragé dont le gérant sympathique comprend fort bien qu'on ait besoin de tremper notre petit dernier dans la petite baignoire de bébé du coin sanitaire du camping et qu'on ait besoin de se doucher plusieurs fois par jour !
Mais on a envie de visiter les environs alors, on s'organise. On part tôt armés de bouteilles d'eau, les fenêtres grandes ouvertes et on déjeune dans un coin bien ombragé. Un jour, on s'arrête dans un village du Périgord Noir, Fanlac. Village magnifique mais trop bien restauré. Sur le parking près de l'église, une flopée de voitures immatriculées 84. 84, c'est le Vaucluse, le département où nous vivions encore récemment assez loin de la Dordogne. Cela nous laisse songeurs et amusés.
On se repose dans un petit coin d'ombre près de l'église. Un couple, trop bien habillé pour le temps nous interpelle gentiment : "vous êtes aussi invités au mariage ?"
Il faut dire que, malgré le fait que nous ayons déménagé depuis plus d'un an déjà, notre voiture est encore immatriculée dans le Vaucluse n'ayant pas fait tout ce qu'il fallait comme formalité administrative et c'est tout naturellement que ces gens pensent que nous faisons partie de la noce.
A côté de cela, notre look de touristes en pleine canicule, shorts et T-shirts ne laissent pas imaginer que nous allons participer à un mariage en grande pompe mais la coïncidence est trop belle : les noceurs sont en grande partie originaire de Pertuis, une ville vauclusienne très proche de notre ancien domicile !!
Coïncidence qui nous fait sourire mais nous préférons repartir à la recherche d'évasion et d'une forêt qui nous apporterait de la fraîcheur...